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Collection philosophique byzantine

Aux sources platoniciennes et aristotéliciennes de l’humanisme byzantin

 État de la question

Dans le cadre des études byzantines, de paléographie et de codicologie, ce qu’on appelle « c. ph. » (abréviation de collection philosophique) est un groupe de dix-huit manuscrits qui, copiés par neuf copistes et conservés dans sept des plus importantes bibliothèques d’Europe et des États-Unis, transmettent une partie du plus ancien corpus aristotélicien conservé, le second tome d’une édition bipartie des œuvres de Platon, des textes méso- et néoplatoniciens (de Proclus, Damascius, Olympiodore, Simplicius, Ammonius, Alexandre d’Aphrodisie, Jean Philopon, Maxime de Tyr et Alcinoos), la Chréstomatie de Strabon, des textes géographiques et paradoxographiques, des recueils d’épîtres, la Syntaxis mathematica de Ptolémée, l’Expositio fidei de Jean de Damas, les Apotelesmatika de Manéthon, le De actionum auspiciis de Maxime l’Astrologue, le De natura hominis de Némèse d’Emèse, le De anima et resurrectione de Grégoire de Nysse, l’Expositio fidei et l’Ad Tatianum de Grégoire le Thaumaturge, la Graecarum affectionum curatio de Théodoret de Cyr, le Corpus Dionysiacum et plusieurs ouvrages de Maxime le Confesseur (pour la liste détaillée des manuscrits cf. l’Annexe I, pour celle des ouvrages l’Annexe II). Même si aucun des manuscrits de la « c. ph. » n’est, dans son état actuel, souscrit, il est presque certain, sur la base de considérations d’ordre paléographique, qu’ils ont été réalisés à Constantinople, vers la seconde moitié du IXe siècle.

L’importance culturelle et philologique des livres de la « c. ph. » est énorme : sans eux, on ne conserverait aujourd’hui qu’un corpus minime de la philosophie grecque, car ils sont non seulement les témoins les plus anciens des ouvrages qu’ils transmettent, mais aussi, souvent, les ancêtres conservés de leurs traditions textuelles. Selon la théorie reçue, l’inspirateur d’une telle collection aurait exhumé le patrimoine platonicien et aristotélicien de l’oubli des « siècles obscurs » byzantins (VIIe-VIIIe s.), l’harmonisant avec des textes religieux d’inspiration platonisante, si bien que la « c. ph. » constituerait un témoignage capital du « premier humanisme byzantin ». Elle aurait joué un rôle idéologique important au sein de la société de l’époque et constituerait, dans son ensemble, un trait d’union entre l’Orient médiéval et la Renaissance italienne : ce fut en effet grâce à quelques-uns de ces manuscrits que le savoir philosophique classique passa en Occident, stimulant plusieurs humanistes. L’inspirateur d’une telle collection a toujours été cherché parmi les grandes figures du IXe s. (Léon le Mathématicien, Photios, Aréthas, Léon Choirosphaktès, le César Bardas), mais les études récentes ont démontré l’impossibilité d’attribuer à l’un de ces personnages une gamme d’intérêts aussi vaste et originale. Westerink (1976 et 1990), suivi par Cavallo (2005), a donc proposé d’en attribuer la paternité à un savant inconnu. La question de l’inspirateur mise à part, des problèmes complexes d’ordre culturel découlent de la variété des contenus de la « c. ph. », dont une bonne partie semble inconciliable avec les positions théologiques de la phase post-iconoclaste : les ouvrages des platoniciens athéniens correspondent par exemple plutôt à « l’insistance iconoclaste sur la compréhension noétique de la divinité sans intermédiaire matériel » (Magdalino 2006), ne s’accordant pas avec les valeurs de la « renaissance macédonienne », dont ces manuscrits sont censés être l’une des manifestations livresques les plus remarquables. Plus en général, il semble difficile de concilier la coexistence, dans la même collection, de textes tenus pour hérétiques et d’ouvrages des Pères les plus vénérés dans les milieux de l’intelligentsia orthodoxe.

 La collection brisée : les facteurs paléographiques et codicologiques

L’idée même de l’existence d’une « c. ph. » unitaire est en effet le résultat d’une construction critique moderne : les manuscrits en question n’ont pas été trouvés dans un même lieu, et rien n’autorise à affirmer qu’ils aient été conservés tous dans un même endroit à un moment quelconque de leur histoire. L’unité de la « c. ph. » a donc été établie a posteriori, sur la base de considérations d’ordre paléographiques et codicologiques discutables. La première étude monographique sur le sujet remonte à l’an 1893, lorsqu’Allen, développant des observations de Jean Boivin, de Friedrich J. von Bast et de Charles Graux, énonça la supposition que neuf de ces manuscrits, jugés semblables du point de vue paléographique, constituaient un group unitaire (il s’agit des Paris. gr. 1807, Paris. gr. 1962, Flor. Laur. plut. 80.9 + Vat. gr. 2197, Heid. Pal. gr. 398, Ven. Marc. gr. 196, Ven. Marc. gr. 226, Ven. Marc. gr. 246, Ven. Marc. gr. 258). Sur la base de l’étude d’Allen, les paléographes ont commencé à parler d’une « minuscule de la "c. ph." », et à attribuer à cette même « collection » tous les livres qui – renfermant des textes ayant des rapports (parfois très faibles) avec la philosophie – présentent des écritures semblables à cette minuscule : entre 1952 et 1954, Diller ajouta deux livres aux neuf d’Allen (Paris. suppl. gr. 921 et Ven. Marc. gr. 236) ; entre 1957 et 1962 Irigoin en reconnut trois autres (dont deux, présentant des caractères semblables entre eux, furent attribués par le chercheur à une « collection aristotélicienne », liée à la « c. ph. » : Vindob. phil. gr. 100 et f. 13-14 du Paris. suppl. gr. 1156) ; par la suite, en 1977, ce fut le tour de Follieri, qui en découvrit un nouvel exemplaire (Vat. gr. 1594), et il en fut de même, l’année suivante, pour Leroy (Vat. gr. 2249). Enfin, Cataldi Palau en 2001 et Kavrus-Hoffmann en 2003 ont ajouté à la liste deux nouveaux témoins, toujours sur la base de considérations d’abord paléographiques (respectivement Paris. gr. 2575 et Harv. Typ 46).

Toutefois, il semble désormais possible d’affirmer qu’une véritable « minuscule de la "c. ph." » n’a jamais existé en tant que telle. Cette assertion se base sur deux considérations, l’une pour ainsi dire externe, l’autre interne. Pour ce qui concerne la première, les écritures des manuscrits en question ne sont pas, d’un point de vue morphologique, vraiment caractéristiques et isolées dans le cadre du IXe siècle, se retrouvant dans plusieurs manuscrits de la même époque qui n’ont aucun rapport avec les nôtres (comme, pour ne citer que deux exemples célèbres, l’Oxon. Bodl. D’Orville 301, copié en 888 par le klerikos Stephanos pour Aréthas, ou la partie de l’Anthologie Palatine copiée par la main J). Pour les minuscules de ce genre, bien attestées entre le milieu du IXe et celui du Xe siècle, on parle d’ailleurs, d’une manière générale, de « minuscole quadrate » (Follieri 1977, Perria 2000). Et encore : un aspect morphologique qui est évoqué comme l’une des caractéristiques les plus spécifiques de la « minuscule de la "c. ph." », les boules ornementales à la fin des traits, est, lui aussi, bien attesté dans le panorama graphique des IXe-Xe s. (par exemple dans la partie de l’Aristote Paris. gr. 1853 due au copiste dit E III, ou dans le recueil biblique Roma, Biblioteca Casanatense, 241 [G.VI.6]). Les boules constituent d’ailleurs l’élément éponyme de la minuscule calligraphique par excellence du Xe siècle, dite « bouletée ».

Pour ce qui concerne l’élément pour ainsi dire interne, il faut noter que, sur le plan paléographique, il y a, dans les écritures des scribes de nos dix-huit manuscrits, des différences importantes, qui permettent de les répartir en trois groupes : A, B et C (cf. le Tableau I). Cette répartition est confirmée par une série de détails paléographiques supplémentaires (comme la forme des accents, des esprits et des signes de ponctuation), ainsi que historico-artistiques (deux livres seulement, le Vat. gr. 2249 et le Vat. gr. 1594, rentrant tous les deux dans le Groupe C, sont caractérisés par des systèmes ornementaux complexes). Mais à confirmer cette tripartition sont surtout les caractéristiques matérielles et codicologiques de nos livres : le Groupe A mis à part, pour lequel aucun discours général n’est possible, car il ne se compose que d’un manuscrit et d’un bifolio (le Vindob. phil. gr. 100 et les f. 13-14 du Paris. suppl. gr. 1156), les manuscrits des Groupes B et C présentent, à ce sujet, d’importantes divergences, incompatibles avec une collection génétiquement unitaire. Les différences concernent à la fois la composition des cahiers, les dimensions des manuscrits et de leurs cadres d’écriture, les types de réglure et le nombre de lignes écrites sur chaque page. Comme le démontre le Tableau II, toutefois, les caractères matériels des manuscrits se révèlent cohérents à l’intérieur de chacun de trois groupes que nous avons individués : les deux témoins du Groupe A partagent le même type de réglure, le même nombre de lignes d’écriture par page, et ont des dimensions presque identiques (c’est sur la base de ces facteurs, qu’Irigoin a affirmé, comme nous l’avons dit, que ces deux livres faisaient originairement partie d’une entreprise autonome, une « collection aristotélicienne », ayant fait ensuite son entrée dans la « c. ph. ») ; une forte homogénéité caractérise également les manuscrits du GROUPE B (nous reviendrons sur les deux exceptions du Paris. gr. 1807 et du Ven. Marc. gr. 236, ainsi que sur le Groupe C).

Contre toute tentative de « briser » la « c. ph. », on pourrait invoquer la présence, notée plusieurs fois, d’interactions entre les copistes. Une signification culturelle profonde a été attribuée à ces interactions par les chercheurs, qui ont cru pouvoir envisager l’existence d’un « cercle savant » derrière la transcription de ces manuscrits. Selon des reconstructions récentes, la « c. ph. » aurait donc été produite par une équipe de copistes-philologues s’adonnant à des activités complexes (Cavallo 2003, Orsini 2005, Flusin 2006). L’analyse paléographique démontre toutefois que la situation est plus complexe : le copiste I, qui a transcrit les textes de Platon, Albinos, Alcinoos, Maxime de Tyr, Damascius et Proclus, n’a pas corrigé, contrairement à ce qu’on a souvent écrit, les livres de tous les autres scribes, mais uniquement ceux de trois scribes (III, IV et VI : dans le Vindob. phil. gr. 100, copié par ce dernier, il a apposé des annotations marginales et il a ajouté des accents, des esprits et peut-être des signes de ponctuation). Pour ce qui est des autres livres de la « c. ph. » – dus aux copistes IIa, IIb, IIc et V - aucune annotation attribuable au copiste I n’y est présente. En revanche, une dynamique particulière de collaboration en concerne les transcripteurs : la main IIa a en effet corrigé le travail du copiste IIb, avec lequel elle a aussi collaboré, transcrivant le manuscrit Harv. Typ 46. Dans ce même livre, on trouve aussi l’écriture du copiste IIc, qui a d’ailleurs collaboré avec le seul IIa dans le Vat. gr. 1594. En d’autre mots, il est possible, d’un côté, d’exclure l’existence d’une interaction généralisée entre tous les copistes de la « c. ph. » et, de l’autre, de reconnaitre deux niveaux d’interaction indépendants : celui concernant le copiste I, qui a corrigé les livres transcrits par les copistes III et IV, et est intervenu dans le manuscrit copié précédemment par le scribe VI ; et celui qui lie les copistes IIa, IIb et IIc. Cette double dynamique confirme définitivement la répartition des manuscrits de la « c. ph. » en trois groupes, car les copistes I, III et IV font partie du Groupe B et les copistes IIa, IIb et IIc du Groupe C.

Finalement, des analyses paléographiques et codicologiques approfondies démontrent que la « c. ph. » ne constitue pas un ensemble de manuscrits génétiquement unitaire : il s’agit plutôt de trois groupes de livres dus à trois équipes de copistes qui semblent avoir créé indépendamment les Groupes A, B et C. Aucune forme de travail coordonné n’est à voir dans ces opérations : si les copistes avaient travaillé de concert à une même entreprise, ils se seraient efforcés de produire des livres cohérents entre eux, tout au moins pour ce qui est des dimensions, des types de réglure et du nombre de lignes d’écriture par page.

 Trois groupes indépendants : les conséquences historico-culturelles

L’importance de la répartition des manuscrits de la « c. ph. » en trois groupes distincts va bien au-delà des données matérielles. Les trois groupes correspondent en effet à trois ensembles thématiques définis (cf. le Tableau III) : le Groupe A contient ce qui reste d’un corpus aristotélicien (comprenant aussi Théophraste) ; le Groupe B renferme les Dialogues de Platon (il n’en reste que le second tome d’une édition en deux volumes) ainsi que les ouvrages des médio- et néoplatoniciens païens. La présence, dans ce groupe, du manuscrit Ven. Marc. gr. 236 contenant le De aeternitate mundi par Jean Philopon, le platonicien chrétien de l’école d’Alexandrie, ne constitue qu’une exception apparente : ce texte fut conçu comme une réponse polémique aux théories de Proclus, qui est l’un des auteurs du Groupe B. Ce manuscrit semble donc constituer, à la lumière de cette circonstance, une annexe au Groupe B. Le Groupe C mérite un discours à part. L’impression d’hétérogénéité qui se dégage de l’observation des caractéristiques codicologiques des livres qui le composent (cf. Tableau II) est confirmée par la variété des textes qui y sont compris : ces manuscrits transmettent les ouvrages de quelques auteurs aristotéliciens (Alexandre d’Aphrodisie et Ammonius), de Jean Philopon, ainsi que des textes chrétiens de Grégoire de Nysse, Grégoire le Thaumaturge, Denys l’Aréopagite, Théodoret de Cyr, Némèse d’Émèse et Cyrille d’Alexandrie. On y trouve également des ouvrages de Ptolémée, Manéthon et Maxime l’Astrologue.

Il est donc évident qu’à la différence des livres des Groupes A et B, ceux du Groupe C ne constituent pas une « collection » dans la « c. ph. ». Et toutefois les graphies utilisées par les trois scribes de ce groupe se ressemblent à tel point, que l’on a pu croire pendant longtemps qu’il s’agissait de l’œuvre d’un seul copiste. Cette ressemblance, qui, telle qu’elle est, ne peut aucunement être le fruit du hasard, est probablement l’effet d’une discipline commune, voire d’une même formation graphique. Or, le concours de ces circonstances – différences codicologiques, variété de contenu et similitudes graphiques – amène à supposer l’existence d’un atelier de copie professionnel, dont les calligraphes, formés à une écriture hautement soignée, travaillaient pour des commanditaires occasionnels. Il est même possible que l’un de ces commettants ait voulu rassembler des textes néoplatoniciens chrétiens et néo-aristotéliciens, donnant ainsi origine à trois des manuscrits du Groupe C (Ven. Marc. gr. 258, Paris. gr. 2575, Harv. Typ 46). Même dans ce cas, toutefois, l’originalité d’une telle entreprise ne serait que modeste par rapport à l’ampleur et au niveau qualitatif du Groupe B, qui s’avère être – dans le cadre culturel méso-byzantin – un véritable trésor au contenu rarissime.

En somme, aucune collection organique de textes philosophiques païens et de textes chrétiens d’inspiration platonisante ou aristotélisante ne semble avoir jamais été réalisée. Ce que l’on a appelé, pendant plus d’un siècle, « c. ph. » consiste en effet en trois groupes de livres génétiquement indépendants : une collection comprenant les textes de Platon et des ouvrages méso- et néo-platoniciens païens ; un corpus aristotélicien ; un ensemble de manuscrits, probablement issus d’un atelier de copie professionnel, contenant des textes liés au néoplatonisme alexandrin et à l’aristotélisme, mais aussi des ouvrages chrétiens et des textes astronomiques et astrologiques (cf. Tableau IV). Ces trois ensembles de livres sont issus de trois dynamiques intellectuelles indépendantes et génétiquement déphasées. Le corpus aristotélicien et la collection platonicienne ont toutefois coexisté dans le même milieu, comme le démontrent les annotations du copiste principal de la seconde sur l’un des manuscrits du premier.

 À la recherche des milieux de production : vieilles hypothèses et nouvelles perspectives

À la lumière de cette reconstruction, il ne s’agit plus de trouver le promoteur d’une « c. ph. » unitaire, mais plutôt les milieux où les différents groupes de manuscrits peuvent avoir été réalisés, dans la mesure où ils sont porteurs de textes fonctionnels aux paradigmes intellectuels d’entourages cultivés spécifiques. En d’autres mots, il s’agit de saisir les valeurs idéologiques qui peuvent avoir inspiré la réalisation de nos livres, et d’en vérifier la compatibilité avec celles des cercles constituant l’intelligentsia byzantine du IXe s. (dans ce cadre, les milieux liés à Aréthas et Constantin VII Porphyrogénète qui ont été évoqués comme les possibles inspirateurs de la « c. ph. » par Diller, Lemerle et Musso peuvent être exclus pour des raisons chronologiques).

Une telle démarche nécessite de prendre en considération les débats qui caractérisèrent ce siècle et qui portèrent sur la valeur à attribuer au savoir profane dans le contexte du renouvellement culturel post-iconoclaste. Le philhellénisme qui marqua le règne de Théophile (829-842) ne semble s’être atténué durant le règne de son fils et successeur, Michel III (842-867) : Léon le Mathématicien – pour ne citer que l’un des personnages les plus connus de la seconde phase iconoclaste – continua, par exemple, à opérer jusqu’au début du règne de Basile I (867-886), grâce au mécénat de Bardas. Toutefois, une tendance idéologique différente gagna progressivement du terrain, s’affirmant par la suite comme la position majoritaire des élites macédoniennes. Cette attitude, de plus en plus critique envers l’hellénisme du second iconoclasme, se manifeste pleinement dans le classicisme formel de Photios. Si l’intérêt pour Aristote (Groupe A) fut répandu aussi bien dans la première que dans la seconde moitié du IXe siècle, les textes de Platon et des néoplatoniciens païens (Groupe B) semblent avoir été lus plutôt par les cercles cultivés de l’époque pré-macédonienne : dès les années soixante du IXe siècle, les élites intellectuelles paraissent avoir privilégié la lecture des ouvrages d’inspiration chrétienne du Groupe C telles que les œuvres des néoplatoniciens alexandrins et du ps.-Denys l’Aréopagite, ouvrages qui se prêtaient entre autres à une relecture orthodoxe du patrimoine philosophique du passé (Louth 1997 ; Signer-Codoñer 2002 ; Magdalino 2006).

 La collection B et l’’Université’ de la Magnaure

La qualité du parchemin employé par les copistes de la collection platonicienne (Groupe B), généralement haute, d’une part, et, de l’autre, l’insouciance avec laquelle ils ont laissé des feuillets blancs après la fin des textes, témoignent d’un milieu aux disponibilités économiques remarquables. Les études philologiques montrent en outre que ces mêmes manuscrits ont été copiés à partir de modèles souvent très anciens et dans un état précaire de conservation. Une telle circonstance présuppose, à la lumière de la rareté des textes en question, des recherches spéciales, menées sur une grande échelle, comportant l’accès à des fonds de manuscrits jusqu’alors inaccessibles. Il faut en outre considérer que le scribe principal de cette collection platonicienne B (le copiste I) a eu accès aussi aux livres du corpus aristotélicien (Groupe A). Or, la complexité et le coût d’une telle entreprise ne semblent compatibles qu’avec un projet culturel d’envergure, conçu dans un milieu intellectuel distingué. Dans ce cadre, il semble nécessaire d’exclure l’entourage, déjà évoqué pour la réalisation de la « c. ph. » dans son ensemble, de Léon Choirosphaktès, qui, s’il fut intéressé dans les études platoniciennes, ne semble pas avoir opéré dans des conditions économiques si prospères que celles présupposées par l’entreprise en question. L’analyse de sa Chiliostichos theologia démontre en outre que, parmi la trentaine d’auteurs contenus dans les Groupes A et B, Léon ne cite que Platon, Aristote et Proclus : pour ce dernier, en outre, il fait référence à quatre ouvrages absents de nos manuscrits, sans jamais en mentionner celui qui s’y trouve. Ses citations du rare Didaskalikos d’Alcinoos (qui se trouve dans le Groupe B) sont en outre indirectes, car tirées, dans un cas, de Sextus Empiricus ou de Clément d’Alexandrie, et dans l’autre de Plotin.

Un autre personnage qui continue à être évoqué, probablement à tort, en tant qu’inspirateur de la « c. ph. » ou de certains des manuscrits censés la composer est Photios : développant une idée déjà soutenue par plusieurs chercheurs (Alline 1915, Diller 1954, Irigoin 1962, Carlini 1972), Marcotte a cru pouvoir reconstruire une liaison entre le Patriarche et le ms. de Heidelberg Palat. gr. 398, qui rentre, selon notre répartition, dans la collection platonicienne (Goupe B). Le chercheur a fait référence en particulier au fait que Photios mentionne, dans la Bibliothèque, quelques ouvrages présents dans ce manuscrit, notamment le traité Sur les Olympiades par Phlégon de Tralles, les épîtres attribuées à Brutus, le De fluviis du Ps.-Plutarque et les Patria d’Hésychios Illoustrios.

Mais les épîtres attribuées à Brutus ne sont citées qu’en passant, dans le ch. 245 de la Bibliothèque, au sujet de la Vie de Brutus par Plutarque, ouvrage où le recueil épistolaire est cité. Au sujet du De fluviis, c’est Photios lui-même qui affirme en avoir repéré des extraits dans l’ouvrage de Sopatros d’Apamée ; encore, l’hypothèse selon laquelle il aurait lu les Patria d’Hésychios présuppose l’identification douteuse de ceux-ci avec la réélaboration du sixième livre d’un ouvrage historique perdu du même auteur.

Enfin, il est vrai que Photios cite les Olympiades, mais il ne mentionne, dans le chapitre de la Bibliothèque consacré à Phlégon, aucun des nombreux textes de cet auteur qui se trouvent dans le manuscrit de Heidelberg. L’incompatibilité de Photios avec le Groupe B semble d’ailleurs être plus profonde : son silence au sujet des ouvrages néoplatoniciens païens est total, et cela non seulement dans la Bibliothèque, mais aussi dans ses épîtres et dans les Amphilochia. Platon, qu’il ne cite que rarement, et les néoplatoniciens ne rentraient pas dans ses intérêts : certaines des annotations que l’on trouve dans les marges des plus anciens manuscrits du philosophe athénien, ne renvoient pas, comme on l’a longtemps cru, à une collation avec un manuscrit « du Patr[iarche Photios] », mais plutôt – selon la reconstruction de Luzzatto – au livre d’un patrikios. De plus, les rares mentions que Photios fait de Damascius (ch. 130, 181, 242) concernent des ouvrages différents de ceux qu’on trouve dans la collection platonicienne.

À part la lecture des lexiques de Boéthos (ch. 154-155), il ne semble pas y avoir, dans ses ouvrages, des allusions liées à des lectures de textes philosophiques païens. Certes, il a sans doute lu beaucoup plus d’ouvrages qu’il n’en cite dans la Bibliothèque. Mais comment expliquer que, s’il a inspiré une entreprise du niveau de la collection B, il n’en mentionne jamais les contenus ? L’hypothèse selon laquelle il aurait lu ces textes après avoir écrit la Bibliothèque (Diller 1954, Marcotte 2002) n’est pas soutenable : dans sa forme actuelle, cet ouvrage est le fruit d’une phase tardive de sa réflexion (Markopoulos 1987, Canfora 1997, Ronconi 2012 et Ronconi 2013). Toute omission volontaire est aussi à exclure, car Photios n’hésite pas à citer les auteurs qu’il juge négativement ; et même en admettant que, contre ses habitudes, il ait décidé de ne pas mentionner les textes les plus dangereux de la collection B, c’est-à-dire ceux des néoplatoniciens païens d’Athènes, pourquoi se serait-il tu au sujet des ouvrages paradoxographiques du manuscrit de Heidelberg, compte tenu de son intérêt envers ce genre de littérature ? Enfin, comme Duffy l’a remarqué, Nicétas David Paphlagon – son détracteur le plus farouche et l’un des mieux informés sur sa passion pour les livres – n’aurait pas manqué de lui reprocher la fréquentation des philosophes néoplatoniciens, si elle avait eu lieu. En général donc, Photios ne semble pas compatible avec la collection platonicienne B. Il en va de même pour le corpus aristotélicien du Groupe A, car son appréciation pour le Stagirite était limitée à la fonction propédeutique de la dialectique et de la logique par rapport à la théologie, si bien que, dans sa conception, il n’y a aucun espace pour la Métaphysique, l’ouvrage fondamental de notre Groupe A. En revanche, l’entourage de Photius pourrait avoir joué un rôle en ce qui concerne la réalisation du Groupe C (cf. infra).

À quel milieu pourrait-on donc lier la production des manuscrits de notre Groupe B ? Il ne semble pas illégitime de mentionner à ce propos l’entourage des savants opérant dans ce que l’on appelle l’« Université » de la Magnaure : cette hypothèse, déjà avancée par Rashed pour la totalité de la « c. ph. », a été jugée faible par Cavallo, mais elle reprend vigueur si l’attention se concentre sur le seul Groupe B : en effet, les livres en question semblent avoir été réalisés pendant la période durant laquelle Léon le Mathématicien fut le « responsable de l’école philosophique » dans l’ « école de la Magnaure » (Cedrenus éd. 1839, p. 171). D’ailleurs, ces livres n’ont pas circulé pendant plusieurs siècles, sinon dans le cercle impérial : au XIe siècle, selon une reconstruction de Saffrey, l’empereur Constantin IX Monomaque aurait fait cadeau à Grégoire Magistros de l’actuel Paris. gr. 1807. Grégoire en aurait traduit le contenu en arménien, comme les études conduites sur sa version semblent le confirmer.

En ces mêmes années, Michel Psellos, le consul des philosophes opérant dans le milieu impérial, tira de l’oubli plusieurs auteurs néoplatoniciens présents dans le Groupe B (Duffy 2002) et cita Platon selon une ligne de tradition compatible avec celle de la même collection. Ces livres étaient donc propriété de la couronne et étaient probablement conservé dans le Palais de la Magnaure, jadis siège de l’« Université ». Les intérêts de Léon le Mathématicien, qui anima l’institution au IXe siècle, semblent concorder, pour ce que l’on peut en juger, avec tout ce qui forme le contenu de la collection platonicienne, ainsi que du corpus aristotélicien. Quelques épigrammes de l’Anthologia Palatina nous apprennent qu’il possédait des manuscrits contenant des textes de Proclus, de Théon et Paul d’Alexandrie, de Porphyre et d’Apollonius de Pergé. D’autre part, ses intérêts pour la numérologie s’inspirant du platonisme et du néo-platonisme sont évidents, entre autres, dans l’homélie qu’il aurait prononcée à Salonique pour la fête de l’Annonciation, en 842. Léon partageait ses lectures avec un cercle de savants, liés à sa personne d’une manière parfois singulière : on ne saurait oublier qu’à sa mort, son élève Constantin lui souhaita de finir dans l’Hadès en compagnie, parmi d’autres, de Proclus, Platon et Aristote, justement les auteurs les plus importants des Groupes A et B. Léon – dit « l’hellène », comme le dit le titre d’un de ses poèmes – semble être le responsable d’une diorthosis partielle des ouvrages de Platon, dont il reste une trace dans la marge du Paris. gr. 1807, le manuscrit principal de la collection platonicienne (Groupe B) : peu avant la fin du livre V des Lois, on peut lire, écrite par une main légèrement postérieure, la note τέλος τῶν διορθωθέντων ὑπὸ τοῦ μεγάλου Λέοντος (« fin des correction apportées par le grand Léon »).

Cette note, qui se trouve aussi dans un autre manuscrit de la même époque (le Vat. gr. 1), semble démontrer que Léon attachait une grande importance à Platon, tout comme le faisait l’inspirateur de la collection platonicienne : le Paris. gr. 1807, qui contient les textes du philosophe athénien, est, en effet, beaucoup plus grand que tous les autres manuscrits du groupe, et le seul dont le texte est disposé sur deux colonnes (une mise en page qui constitue une marque de distinction par rapport aux ouvrages des autres auteurs).

Les copistes de la collection B, en particulier le copiste principal, ne sont en outre pas de simples transcripteurs : les modèles qu’ils ont copiés étaient, dans plusieurs cas, en majuscule, souvent dans des conditions matérielles précaires, et dépourvus d’esprits et d’accents. Leur transcription a donc requis une compétence philologique remarquable, et a été accomplie sans aucun doute dans un milieu de grande culture, qu’on pourrait bien identifier avec le cercle de Léon. Dans ce cercle opéra d’ailleurs Cométas, qui remplit la fonction de maître d’études de grammaire à à l’école de la Magnaure et qui édita les poèmes homériques, en y ajoutant les esprits et les accents : une opération identique à celle que le copiste I a accomplie non seulement sur les textes qu’il a transcrits, mais aussi sur les livres de quelques autres scribes du Groupe B.

 Le Groupe C et l’entourage photien

Concernant le Groupe C, le discours est plus complexe : comme nous l’avons dit, il ne semble pas constituer une véritable collection dans la « c. ph. » (comme c’est en revanche le cas pour le Groupe B), ni le résultat d’une opération inspirée à un projet intellectuel unitaire. D’ailleurs, il est difficile de trouver, dans les ouvrages d’un seul savant de l’époque, des références à la totalité des textes de ce groupe. Prenons le cas de Léon Choirosphaktès : ses citations de Ptolémée, de Maxime le Confesseur et de Jean Philopon sont toujours tirées d’œuvres différentes de celles de nos manuscrits ; il mentionne, certes, le corpus du ps.-Denys l’Aréopagite, le De anima de Grégoire de Nysse et des textes de Jean de Damas, mais il s’agit d’ouvrages très répandus à cette époque. Le discours est différent pour ce qui concerne Photios et son cercle, car, dans ce milieu, on lisait les ouvrages de Grégoire le Thaumaturge, de Jean de Damas et de Grégoire de Nysse qui se trouvent dans le Groupe C. Outre ces textes, bien répandus, le patriarche fait mention du commentaire de Simplicius aux Catégories d’Aristote, dont un manuscrit du même groupe constitue un témoin rare. Mais il y a plus : le Marc. gr. 258 héberge le Sur le temps de Zacharie de Chalcédoine, personnage qui fut effectivement lié au Patriarche. En somme, il est possible que l’un des membres du cercle de Photios ait commandé une partie des livres du Groupe C à un atelier de copistes professionnels.

 Conclusion

Il semble donc nécessaire de marquer un double changement par rapport aux études conduites depuis plusieurs décennies sur la « c. ph. » : à partir du constat de sa répartition en trois groupes distincts et en s’efforçant d’aller au-delà des intérêts individuels de l’un ou de l’autre savant de l’époque, pour lier les implications culturelles des textes de chaque groupe aux tendances idéologiques des milieux les plus actifs du IXe siècle, il semble possible de fonder sur des bases nouvelles des hypothèses qui, jadis formulées, étaient faibles dans leurs termes d’origine. S’il est impossible d’avancer une hypothèse concernant les milieux d’origine du corpus aristotélicien A, compte tenu surtout de son état fragmentaire, il semble envisageable de lier la collection platonicienne B au cercle de Léon. Ce milieu constitua l’expression la plus avancée des élites de la dernière période iconoclaste, élites capables de survivre au changement religieux et politique qui se produisit vers le milieu du IXe s. Léon le Mathématicien est le symbole parfait de cette capacité d’adaptation : évêque de Salonique nommé par Théophile et par le patriarche Jean le Grammairien, il fut un iconoclaste modéré et un lecteur passionné de la littérature néoplatonicienne païenne, ainsi que d’Aristote. Ce n’est peut-être pas un cas si, selon les études paléographiques, le Groupe B semble se situer – tout comme le floruit de Léon – à cheval entre la dernière phase iconoclaste et la réaffirmation de l’iconodoulie.

Dans cette phase complexe de l’histoire intellectuelle de Byzance, les débats culturels portaient entre autres sur le rôle à attribuer au savoir philosophique ancien : dans les décennies qui suivront l’acmé de Léon et qui coïncideront avec celui de Photios, ce seront les ouvrages s’inspirant du néoplatonisme chrétien d’Alexandrie et de l’aristotélisme tardif du Groupe C qu’on lira et commentera, plutôt que les textes des païens Platon et Proclus. Le traité de Zacharie que nous avons cité, fait par exemple référence aux ouvrages d’Aristote et de ses commentateurs et jamais à Platon ou aux méso- et néo-platoniciens de la collection B. Ce n’est peut-être pas par hasard que Photios, dans une lettre adressée peut-être à Léon et incluse par la suite dans les Amphilochia, fait référence aux auteurs païens, les définissant comme « tes savants » (τοῖς σοῖς σοφισταῖς : Photii Patriarchae Constantinopolitani Epistulae et Amphilochia, éd. B. Laourdas - L.G. Westerink, I-VI, Leipzig 1983-1988, II, Ep. 208, p. 108.12).

Au-delà de l’acceptation ou du refus de ces hypothèses, le fait que la « c. ph. » n’ait jamais existé en tant que telle, implique un changement radical dans l’évaluation du rôle culturel joué par les textes néoplatoniciens païens au sein de la société byzantine de l’époque moyenne. Ils n’ont évidemment pas été récupérés, après les « siècles obscurs », dans le cadre d’une opération de grande envergure concernant aussi des ouvrages chrétiens (Groupe C). En revanche, il est désormais clair que leur transcription constitua un travail complexe, allant bien au-delà d’un simple intérêt antiquaire ou intellectuel : il s’agissait plutôt d’un fait de distinction idéologique, dans un contexte de débats portant sur la valeur à attribuer au patrimoine culturel païen, et dans un système qui allait se rééquilibrer sur des positions formellement orthodoxes.

FILIPPO RONCONI

 Bibliographie

Allen 1893 = Allen TH. W., Palaeographica III, A Group of Ninth-Century Manuscripts, in Journal of Philology 21, 1893, p. 47-54.
Alline 1915 = Alline H., Histoire du texte de Platon, Genève 1984 (réimpression de l’édition de Paris 1915).
Bionconi-Ronconi s. p. = Bionconi D. – Ronconi F., Préface, in D. Bionconi D. – F. Ronconi (éd.), La « Collection philosophique » face à l’histoire. Péripéties et tradition. Actes du colloque international, Paris, 10-11 Juin 2013, s. p.
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Cavallo 2003 = Cavallo G., « Sodalizi eruditi e pratiche di scrittura a Bisanzio », in J. Hamesse (éd.), Bilan et perspectives des études médiévales (1993-1998). Euroconférence (Barcelone, 8-12 juin 1999), Louvain-la-Neuve 2003, p. 645-665.
Cavallo 2005 = Cavallo G., « Da Alessandria a Costantinopoli ? Qualche riflessione sulla "collezione filosofica" », in Segno e testo 3, 2005, p. 249-263.
Cavallo s. p. = Cavallo G., « Conclusions » in D. Bionconi D. et F. Ronconi (éd.), La « Collection philosophique » face à l’histoire. Péripéties et tradition. Actes du colloque international, Paris, 10-11 Juin 2013, s. p.
Cedrenus éd. 1839 = Georgius Cedrenus, Compendium historiarum, ed. I. Bekker, II, Bonn, 1839.
Diller 1952 = Diller A., The Tradition of the Minor Greek Geographers, New York-Lancaster-Oxford, 1952 (réimpr. Amsterdam, 1986).
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Irigoin 1962 = Irigoin J., « Survie et renouveau de la littérature antique à Constantinople », in Cahiers de civilisation médiévale 5, 1962, p. 287-302 (réimpr. in D. Harlfinger [éd.], Griechische Kodikologie und Textüberlieferung, Darmstadt, 1980, p. 173-203 et in J. Irigoin, La tradition des textes grecs. Pour une critique historique, Paris, 2003, p. 197-232)
Kavrus-Hoffmann 2011 = Kavrus-Hoffmann N., Catalogue of Greek Medieval and Renaissance Manuscripts in the Collections of the United States of America. Part V.3 : Harvard University, The Houghton Library and Andover-Harvard Theological Library, in Manuscripta 55, 1, 2011, p. 1-108.
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Louth 1997 = Louth A., « St Denys the Areopagite and the Iconoclast Controversy », in Y. Andia (éd.), Denys l’Aréopagite et sa postérité en Orient et en Occident. Actes du Colloque International Paris, 21-24 septembre 1994, Paris, 1997, p. 329-339.
Luzzatto 2008 = Luzzatto M. J., Emendare Platone nell’antichità. Il caso del Vaticanus gr. 1, in Quaderni di Storia 68, 2008, p. 29-87.
Magdalino 2006 = Magdalino P., L’Orthodoxie des astrologues. La science entre le dogme et la divination à Byzance (VIIe-XIVe siècle), Paris, 2006.
Marcotte 2002 = Marcotte D., Les géographes grecs, I, Paris, 2002
Marcotte 2007 = Marcotte D., « Le corpus géographique de Heidelberg (Palat. Heidelb. gr. 398) et les origines de la “collection philosophique” », in C. D’Ancona (éd.), The Libraries of the Neoplatonists, Leyde-Boston, 2007, p. 167-176.
Markopoulos 1987 = Markopoulos A., « Νέα στοιχεῖα γιὰ τὴ χρονολόγηση τῆς “Βιβλιοθήκης” τοῦ Φωτίου », in Σύμμεικτα 7, 1987, p. 175-181 (trad. angl., in Id., History and Literature of Byzantium, Aldershot, 2004, p. 1-18).
Musso 1976 = Musso O., « Sulla struttura del Cod. Pal. Gr. 398 e deduzioni storico-letterarie », in Prometheus 2, 1976, p. 1-10.
Orsini 2005 = Orsini P., « Pratiche collettive di scrittura a Bisanzio nei secoli IX e X », in Segno e Testo 3, 2005, p. 265–330.
Perria 1991 = Perria L., « Scrittura e ornamentazione nei codici della Collezione filosofica », in Rivista di studi bizantini e neoellenici 28, 1991, p. 45–111.
Perria 2000 = Perria L., « Alle origini della minuscola libraria greca. Morfologia e stilizzazioni », in G. Prato (éd.), I manoscritti greci tra riflessione e dibattito. Atti del V Colloquio Internazionale di Paleografia Greca, Cremona, 4-10 ottobre 1998, I, Firenze, 2000, p. 157-167.
Rashed 2002 = Rashed M., « Nicolas d’Otrante, Guillaume de Moerbeke et la Collection philosophique », in Studi Medievali III, 43, 2002, p. 693–717.
Ronconi 2008 = Ronconi F., « Qualche considerazione sulla provenienza dei modelli della ‘collezione filosofica’ : note a margine del Paris. gr. 1962 », in D. Bianconi – L. Del Corso (éd.), Oltre la scrittura. Variazioni sul tema per Guglielmo Cavallo, Paris, 2008, p. 125-142
Ronconi 2012 = Ronconi F., « La collection brisée. La fache cachée de la ‘‘collection philosophique’’. Les milieux socio-culturels », in P. Odorico (éd.), La face cachée de la littérature byzantine. Le texte en tant que message immédiat. Actes du colloque international, Paris, 5-7 juin 2008, Paris, 2012, pp. 137-166.
Ronconi 2013 = Ronconi F., « La ’collection philosophique’ : un fantôme historique », in Scriptorium 67, 2013, p. 119-140.
Saffrey 2007 = Saffrey H. D., « Retour sur le Parisinus graecus 1807, le manuscrit A de Platon », in C. D’Ancona (éd.), The Libraries of the Neoplatonists, Leyde-Boston, 2007, p. 3-28.
Signes-Codoñer 2002 = Signes-Codoñer J., « Helenos y Romanos : la cultura bizantina y el Islam en el siglo IX », in Byzantion 72, 2002, p. 404-448.
Westerink 1976 = Westerink L. G., The Greek Commentaries on Plato’s Phaedo, I, Olympiodorus, Amsterdam, 1976.
Westerink 1986 = Westerink L. G, Damascius, Traité des premiers principes, I, De l’ineffable et de l’un, Paris, 1986.
Westerink 1990 = Westerink L. G., « Das Rätsel des untergründigen Neuplatonismus », in D. HARLFINGER (éd.), Philophronema. Festschrift für Martin Sicherl zum 75. Geburtstag. Von Textkritik bis Humanismusforschung, Paderborn-München-Wien-Zürich, 1990, p. 105-123.

 Annexes

ANNEXE I
(Les ouvrages dont les titres sont entre crochets ne sont plus présents dans les manuscrits de la « collection » en raison d’une lacune matérielle. Leur présence originaire est toutefois certaine. Les ouvrages dont les titres sont en italique sont présents dans les manuscrits, mais, en raison de la chute de quelques feuillets, le titre et/ou le nom de l’auteur ne nous sont pas parvenus.)

LISTE DES MANUSCRITS DE LA « C. PH. »
Cambridge (Ma.), Harvard College Library, Department of Printing and Graphic Art
- Typ 46
Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana
- Vat. gr. 2249
- Vat. gr. 1594
- Vat. gr. 2197
Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana
- plut. 28.27
- plut. 80.9
Heidelberg, Universitätsbibliothek
- Palat. gr. 398,
Paris, Bibliothèque Nationale de France
- gr. 1807
- gr. 1962
- gr. 2575 (scriptio inferior)
- suppl. gr. 921 (scriptio inferior)
- suppl. gr. 1156
Venezia, Biblioteca Nazionale Marciana
- gr. 196
- gr. 226
- gr. 236
- gr. 246
- gr. 258
Wien, Österreichische Nationalbibliothek
- phil. gr. 100

ANNEXE II
OUVRAGES CONTENUS DANS LES TROIS GROUPES PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE

- [Dionysius Byzantius, Periplus Bospori] (Heid. Palat. gr. 398)
- [Ps-Aristoteles, De ventis] (Heid. Palat. gr. 398)
- [Agatemerus, Hypotyposis] (Heid. Palat. gr. 398)
- [Albinus, Prologus] (Paris. gr. 1962)
- Alcinoos, Didaskalikos (Paris. gr. 1962)
- Alexander Aphrodisiensis, Quaestiones et solutiones, De anima, De fato (Ven. Marc. gr. 258)
- Ammonius, In Aristotelis De interpretatione comm. (Paris. gr. 2575 scr. inf.)
- [Anonymus, Hypotyposis] (Heid. Palat. gr. 398)
- Antigonus Carystius, Historiarum mirabilium collectio (Heid. Palat. gr. 398)
- Antoninus Liberalis, Metamorphoseon synagogè (Heid. Palat. gr. 398)
- Apollonius Paradoxographus, Historiae mirabiles (Heid. Palat. gr. 398)
- Aristoteles, Physica, De caelo, De generatione et corruptione, Meteorologica, Metaphysica(Vindob. phil. gr. 100)
- Aristoteles, Historia animalium (Suppl. Gr. 1156, f. 13-14)
- Arrianus, Cynegeticus, Epistula ad Hadrianum (Heid. Palat. gr. 398)
- Claudius Ptolemaeus, Syntaxis mathematica, Phaseis, De iudicandi facultate et animi principatu (Vat. gr. 1594)
- Cyrillus Alexandrinus, Liber contra synousiastas (Harv. Typ 46)
- Damascius Philosophus, In Platonis Phedonem, In Platonis Philebum (Ven. Marc. gr. 196)
- Damascius Philosophus, De primis principiis, In Platonis Parmenidem (Ven. Marc. gr. 246)
- Diogenes Cynicus, Epistulae (Heid. Palat. gr. 398)
- Gregorius Nissenus, De anima et resurrectione (Harv. Typ 46)
- Gregorius Thaumaturgus, Expositio fidei, Ad Tatianum de anima (Harv. Typ 46)
- Hanno Geographus, Periplus (Heid. Palat. gr. 398)
- Hesychius Illustrius, Antiquitates Cpl. (Heid. Palat. gr. 398)
- Hippocrates Medicus, Epistulae (Heid. Palat. gr. 398)
- Ioannes Philoponus, De aeternitate mundi (Ven. Marc. gr. 236)
- Ioannes Philoponus, Disputatio de Paschate (Harv. Typ 46)
- Iohannes Damascenus, Expositio Fidei (Flor. Laur. plut. 28.27)
- Manetho Astrologus, Apotelesmatica (Flor. Laur. plut. 28.27)
- Marcus Iunius Brutus, Epistulae (Heid. Palat. gr. 398)
- Maximus Astrologus, De actionum auspiciis (Flor. Laur. plut. 28.27)
- Maximus Confessor, In Dionysii Areopagitae De divinis nominibus, De caelesti hierarchia, De ecclesiastica hierarchia, De mystica theologia, Epistulas (Vat. gr. 2249)
- Maximus Tyrius, Dissertationes (Paris. gr. 1962)
- Mithridates, Epistularum Bruti collectio (Heid. Palat. gr. 398)
- Nemesius Emesensis, De natura hominis (Harv. Typ 46)
- Olympiodorus Philosophus, In Platonis Gorgiam, In Platonis Alcibiadem I, In Platonis Phaedonem (Ven. Marc. gr. 196)
- Parthenius Mythographus, Calamitates eroticae (Heid. Palat. gr. 398)
- Philo Byzantinus, De septem orbis spectaculis (Heid. Palat. gr. 398)
- Phlegon Trallianus, De mirabilibus (Heid. Palat. gr. 398)
- Phlegon Trallianus, Olympiades (Heid. Palat. gr. 398)
- Plato, Clitophon, Respublica, Timaeus, Critias, Minos, Leges, Epinomis, Epistulae, Definitiones (Paris. gr. 1807)
- Proclus, In Platonis Rem publicam (Vat. gr. 2149+Flor. Laur. plut. 80.9)
- Proclus, In Platonis Timaeum (Paris. suppl. gr. 921, scriptio inf.)
- Ps.-Arrianus, Periplus Ponti Euxini (Heid. Palat. gr. 398)
- Ps.-Arrianus, Periplus Maris Erythraei (Heid. Palat. gr. 398)
- Ps.-Dionysius Areopagita, De divinis nominibus, De caelesti hierarchia, De ecclesiastica hierarchia, De mystica theologia, Epistulae 1-10 (Vat. gr. 2249)
- Ps.-Plato, De iusto, De virtute, Demodocus, Sisyphus, Alkyon, Eryxias, Axiochus (Paris. gr. 1807)
- Ps.-Plutarchus, De fluviis (Heid. Palat. gr. 398)
- Simplicius, In Aristotelis Physicorum libros V-VIII, Vita Aristotelis III (Ven. Marc. gr. 226)
- Simplicius, In Aristotelis Categorias (Paris. gr. 2575 scr. inf.)
- Strabo, Chrestomathiae (Heid. Palat. gr. 398)
- Themistocles Epistolographus, Epistulae (Heid. Palat. gr. 398)
- Theodoretus Cyrensis, Graecarum affectionum curatio (Vat. gr. 2249)
- Theophrastus, Metaphysica (Fr. 12) (Vindob. phil. gr. 100)
- Zacharias Chalcedonensis, De tempore (Ven. Marc. gr. 258)

ANNEXE III
OUVRAGES CONTENUS DANS CHACUN DES TROIS GROUPES

Groupe A
- Aristoteles, Physica, De caelo, De generatione et corruptione, Meteorologica, Metaphysica (Vindob. phil. gr. 100)
- Aristoteles, Historia animalium (fragment) (Suppl. Gr. 1156, f. 13-14)
- Theophrastus, Metaphysica (Fr. 12) (Vindob. phil. gr. 100)

Groupe B
- [Dionysius Byzantius, Periplus Bospori] (Heid. Palat. gr. 398)
- [Ps-Aristoteles, De ventis] (Heid. Palat. gr. 398)
- [Agatemerus, Hypotyposis] (Heid. Palat. gr. 398)
- [Albinus, Prologus] (Paris. gr. 1962)
- Alcinoos, Didaskalikos (Paris. gr. 1962)
- [Anonymus, Hypotyposis] (Heid. Palat. gr. 398)
- Antigonus Carystius, Historiarum mirabilium collectio (Heid. Palat. gr. 398)
- Antoninus Liberalis, Metamorphoseon synagogè (Heid. Palat. gr. 398)
- Apollonius Paradoxographus, Historiae mirabiles (Heid. Palat. gr. 398)
- Arrianus, Cynegeticus, Epistula ad Hadrianum (Heid. Palat. gr. 398)
- Damascius Philosophus, In Platonis Philebum (Ven. Marc. gr. 196)
- Damascius Philosophus, De primis principiis, In Platonis Parmenidem (Ven. Marc. gr. 246)
- Diogenes Cynicus, Epistulae (Heid. Palat. gr. 398)
- Hanno Geographus, Periplus (Heid. Palat. gr. 398)
- Hesychius Illustrius, Antiquitates Cpl. (Heid. Palat. gr. 398)
- Hippocrates Medicus, Epistulae (Heid. Palat. gr. 398)
- Ioannes Philoponus, De aeternitate mundi (Ven. Marc. gr. 236)
- Marcus Iunius Brutus, Epistulae (Heid. Palat. gr. 398)
- Maximus Tyrius, Dissertationes (Paris. gr. 1962)
- Mithridates, Epistularum Bruti collectio (Heid. Palat. gr. 398)
- Olympiodorus Philosophus, In Platonis Alcibiadem I, In Platonis Phaedonem, In Platonis Gorgiam (Ven. Marc. gr. 196)
- Parthenius Mythographus, Calamitates eroticae (Heid. Palat. gr. 398)
- Philo Byzantinus, De septem orbis spectaculis (Heid. Palat. gr. 398)
- Phlegon Trallianus, De mirabilibus (Heid. Palat. gr. 398)
- Phlegon Trallianus, Olympiades (Heid. Palat. gr. 398)
- Plato, Clitophon, Respublica, Timaeus, Critias, Minos, Leges, Epinomis, Epistulae, Definitiones (Paris. gr. 1807)
- Proclus, In Platonis Rem publicam (Vat. gr. 2149+Flor. Laur. plut. 80.9)
- Proclus, In Platonis Timaeum (Paris. suppl. gr. 921, scriptio inf.)
- Ps.-Arrianus, Periplus Ponti Euxini (Heid. Palat. gr. 398)
- Ps.-Arrianus, Periplus Maris Erythraei (Heid. Palat. gr. 398)
- Ps.-Plato, De iusto, De virtute, Demodocus, Sisyphus, Alkyon, Eryxias, Axiochus (Paris. gr. 1807)
- Ps.-Plutarchus, De fluviis (Heid. Palat. gr. 398)
- Simplicius, In Aristotelis Physicorum libros V-VIII, Vita Aristotelis III (Ven. Marc. gr. 226)
- Strabo, Chrestomathiae (Heid. Palat. gr. 398)
- Themistocles Epistolographus, Epistulae (Heid. Palat. gr. 398)

Groupe C
- Alexander Aphrodisiensis, Quaestiones et solutiones, De anima, De fato (Ven. Marc. gr. 258)
- Ammonius, In Aristotelis De interpretatione comm. (Paris. gr. 2575 scr. inf.)
- Claudius Ptolemaeus, Syntaxis mathematica, Phaseis, De iudicandi facultate et animi principatu (Vat. gr. 1594)
- Cyrillus Alexandrinus, Liber contra synousiastas (Harv. Typ 46)
- Gregorius Nissenus, De anima et resurrectione (Harv. Typ 46)
- Gregorius Thaumaturgus, Expositio fidei, Ad Tatianum de anima (Harv. Typ 46)
- Iohannes Philoponus, Disputatio de Paschate (Harv. Typ 46)
- Iohannes Damascenus, Expositio Fidei (Flor. Laur. plut. 28.27)
- Manetho Astrologus, Apotelesmatica (Flor. Laur. plut. 28.27)
- Maximus Astrologus, De actionum auspiciis (Flor. Laur. plut. 28.27)
- Maximus Confessor, In Dionysii Areopagitae De divinis nominibus, De caelesti hierarchia, De ecclesiastica hierarchia, De mystica theologia, Epistulas (Vat. gr. 2249)
- Nemesius Emesensis, De natura hominis (Harv. Typ 46)
- Ps.-Dionysius Areopagita, De divinis nominibus, De caelesti hierarchia, De ecclesiastica hierarchia, De mystica theologia, Epistulae 1-10 (Vat. gr. 2249)
- Simplicius, In Aristotelis Categorias (Paris. gr. 2575 scr. inf.)
- Theodoretus Cyrensis, Graecarum affectionum curatio (Vat. gr. 2249)
- Zacharias Chalcedonensis, De tempore (Ven. Marc. gr. 258)

 Tableaux


Pour citer :
Filippo Ronconi, « Collection philosophique byzantine : aux sources platoniciennes et aristotéliciennes de l’humanisme byzantin », in Houari Touati (éd.), Encyclopédie de l’humanisme méditerranéen, mai 2015, URL =http://www.encyclopedie-humanisme.com/?Collection-philosophique-byzantine